Cathédrale de Beauvais : l’église qui défie la gravité

Située à 60 km au nord de Paris, la cathédrale de Beauvais symbolise l’apogée de l’architecture gothique du Moyen Âge. Ambitieuse et défiant la gravité, la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais détient le record du plus haut plafond d’un chœur gothique. Elle a d’ailleurs été le plus haut monument de la chrétienté pendant quatre années consécutives jusqu’à ce que sa tour-lanterne s’effondre tragiquement… Un monument à voir absolument si vous êtes amateur d’édifices gothiques !

La cathédrale de Beauvais : un projet ambitieux

La cathédrale témoigne également de l’ambition des bâtisseurs qui n’ont pu l’achever. Débutant sa construction en 1225, la cathédrale devait être la plus grande église du royaume. Cependant, au fil des siècles, la construction a connu de nombreux problèmes et des effondrements structurels. Ce qui existe aujourd’hui – le chœur et le transept – est suffisamment impressionnant pour que l’on ose imaginer ce qu’aurait été le projet terminé. Malgré sa taille, elle n’est pas actuellement inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, contrairement à la cathédrale voisine d’Amiens.

Un bref aperçu historique de la cathédrale de Beauvais. Tout a commencé au 13ème siècle.

Notre-Dame de la Basse-Œuvre

En 1225, l’évêque Milon de Nanteuil et son chapitre décident de reconstruire la cathédrale préromane. Cette église existe encore aujourd’hui et est connue sous le nom de « Notre Dame de la Basse-Oeuvre ». La petite église de la Basse-Oeuvre occupe l’emplacement qui avait été initialement réservé pour la construction de la nef de la cathédrale. Même s’il ne reste aujourd’hui qu’une partie de sa nef, l’église de Basse-Oeuvre est l’un des rares édifices carolingiens encore en bon état.

La construction d’un nouveau sanctuaire gothique

En 1225, les autorités décident de construire la cathédrale gothique. Les travaux commencent par la partie orientale du transept. Les fondations sont révélatrices de l’immensité du sanctuaire. A certains endroits, elles dépassent les 10 mètres de profondeur. Ensuite, la couronne des chapelles et les intérieurs ont été construits. Suivent les parties supérieures de la nef centrale. Le grand œuvre est terminé le 3 octobre 1272. Les services ont commencé immédiatement à l’intérieur de l’édifice. Cependant, en 1284, une partie du chœur s’effondre en raison de la faiblesse de la structure. L’édifice est progressivement renforcé jusqu’en 1347 par l’ajout de piliers supplémentaires dans le chœur.

La guerre de Cent Ans interrompt la construction de la cathédrale Saint-Pierre. Cependant, l’église n’a pas trop souffert du conflit. Le siège de Beauvais par Charles le Téméraire en 1472 cause des dégâts mineurs à l’édifice. À partir de 1500 (150 ans après la construction du chœur), les travaux du transept commencent à l’instigation du comte-évêque Louis de Villiers de L’Isle-Adam et sous la direction de l’architecte Martin Chambiges. L’architecte construit le transept dans le style flamboyant alors en vogue. Mais Chambiges meurt 20 ans avant l’achèvement de son œuvre. Ceci explique que Michel de Lalict (successeur présumé de Chambiges) ait construit les toits des tourelles dans le style Renaissance.

C’est à cette époque que la cathédrale de Beauvais est devenue l’édifice le plus haut du monde !

Lorsque les constructeurs achèvent le transept en 1548, les autorités religieuses préfèrent construire une flèche plutôt que de dépenser de l’argent pour la construction d’une nef. Cette flèche démesurée, à son achèvement, était la plus haute de toute la chrétienté : La flèche est achevée en 1569 après 6 ans de travaux. Avec ses 153 mètres de hauteur, elle donnait à la cathédrale le titre de plus haut bâtiment du monde. Elle dépassait même la basilique Saint-Pierre de Rome.

La cathédrale, bien qu’inachevée, était ainsi au sommet de sa splendeur.

Puis la tragédie de la cathédrale a lieu le 30 avril 1573. Après une messe, la flèche et les trois niveaux du clocher s’effondrent. Seules 2 personnes souffrent de blessures mineures, le sanctuaire ayant été évacué à temps. Les fonds nécessaires à la reconstruction des voûtes du transept n’ont pas permis de construire la nef de la cathédrale. Malgré cela, les tentatives de construction de la nef ont bien eu lieu. En 1600, la construction de la nef débute mais seule la première arche est effectivement construite.

Une cathédrale incomplète…

Ainsi, la cathédrale de Beauvais reste inachevée à ce jour. Elle se distingue des autres cathédrales par l’absence significative de nef. Le malheur de la cathédrale se poursuit jusqu’à la Révolution. En octobre 1793, les sans-culottes décapitèrent les statues des portails. Ils pillent l’intérieur et profanent l’église pour en faire un temple dédié à la Raison.

En 1840, la cathédrale est inscrite sur la première liste des monuments historiques français.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la cathédrale de Beauvais est endommagée par les bombardements. Mais elle ne s’est pas effondrée. 75% des fenêtres qui n’avaient pas été mises en sécurité ont été brisées. Le grand orgue était complètement inutilisable.

Un monument très fragile

Sa grande hauteur et le fait qu’elle ne soit pas soutenue par une nef sur son côté ouest rendent la structure de la cathédrale de Beauvais très fragile.